Les jours passaient et tout se ressemblait. Sera, elle s'occupait l'esprit en enchaînant les contrats. Les photoshoots, défilés et soirées se suivaient à une allure folle. Elle avait à peine le temps de respirer. Mais ça l'arrangeait, Sera. Quand elle avait le temps de respirer, elle avait le temps de penser. Et ses pensées revenaient toujours vers lui. Comme un vieux disque rayé qui répète sans cesse les mêmes secondes d'une chanson. Elle était fatiguée, Sera, de penser à lui. Elle préférait se noyer dans son travail plutôt que dans les possibilités qu'auraient pu connaître leur histoire. Mais c'était même pas une histoire, Sera, lui rappelle sa conscience, quand son esprit s'évade. Quand elle travaillait, elle pouvait oublier que son cœur ne battait plus correctement, qu'il y avait une grosse égratignure désormais sur son cœur de petite fille. Parfois, ça la lançait dans la poitrine, une espèce de piqûre de rappel. T'as voulu aimé Sera ? Bravo, tu t'ai fait avoir, t'es comme toutes les autres maintenant. Une pauvre fille pathétique qui s'est fait avoir par un idiot. « Sera tout va bien ? » Tu relèves la tête. Ton regard croise ton reflet dans le miroir. Tout va bien ? Tout devrait bien aller. T'es maquillée, coiffée, habillée par les meilleures. Tu ressembles presque à une princesse dans ta jolie robe. Mais il le verra jamais. Parce qu'il l'a choisi elle. En jean et vieux sweat, avec ses cheveux gras et ses seins qui tombent. Elle la connaît pas cette fille, mais c'est comme ça qu'elle se l'imagine pour éviter de sombrer. Au fond, elle est convaincue qu'elle est sublime, qu'elle est tout ce que Sera n'est pas. Mais ça n'a pas d'importance tout ça. Sera, elle a le monde au bout des doigts et elle compte en profiter. « Tout va bien. » Et elle sourit. Et elle continuera de sourire pendant les trois prochaines heures. Elle rira même et son rire sonnera faux seulement à ses propres oreilles. Trois heures plus tard, la séance photo est terminée et Sera se retrouve à nouveau seule avec ses pensées. Seule. La solitude est sa plus grande peur, alors Sera s'enfuit dans la nuit. Elle rejoint le club le plus bruyant de la ville. Elle n'a pas de problèmes à entrer, elle ne fait même pas la queue. C'est le point positif quand notre tête est sur tous les panneaux publicitaires. Elle se font dans la masse, perd sa veste au vestiaire et s'oublie sur la piste de danse. Elle bouge au rythme des chansons du DJ, son cœur prend le rythme des basses et l'espace de quelques minutes il arrête de lui faire un mal de chien. Puis son regard croise le sien. Et elle est de retour au point de départ. Son sourire se ternit, son cœur recommence à battre trop vite, le manque de sa peau contre la sienne glisse dans ses veines. L'espace de quelques secondes, elle est tentée de le retrouver, de faire comme s'il ne s'était jamais rien passé, de récrire leur histoire. Mais la fin sera toujours la même. Alors, elle attrape le premier venu pas trop moche, accorde un sourire faux à Will et danse avec l'inconnu comme elle aimerait danser avec lui.  

Le soir commençait doucement à tomber, le ciel changeait de couleurs, les gens se taisaient, ça y est les murmurent avaient éclos. Et lui, il était là, assis, debout, couché, il en oubliait de respirer. Il ne savait pas quoi faire. Comme souvent ces derniers temps, ces derniers jours. Et il n'aimait pas ça. Non, il n'aimait pas ça Will. Parce qu'il s'en voulait. Il s'en voulait de penser à cette fille. Il avait beau avoir l’habitude de flirter avec la gente féminine, il n'était jamais passé à l'acte. Il pensait qu'il valait mieux que ça. Que sa copine méritait mieux que ça. Pourtant, il n' a pas pu lui résister, à elle, cette fille. Elle l'a touchée, bien plus que ce qu'il ne l'aurait pensait. Il n'arrivait pas à l'oublier. Et pour cause, cette nuit, cette merveilleuse nuit était encore encrée dans sa mémoire. Mais il ne comprenait pas, Will, pourquoi il n'arrivait pas à s’ôter cette image du crâne. Ce n'était qu'une simple erreur n'est-ce-pas ? se disait-il pour se réconforter. Alors Will, il appela des amis. Les plus proches. Des gens qu'il connaissait depuis longtemps, de gens qui savaient s'amuser. Alors ils ne leur fallut pas bien longtemps avant de se retrouver en boite de nuit. Et Will, il s'était laissé entraîné dans le mouvement. Décompresser, relâcher la pression, il en avait bien besoin ces-derniers temps. C'était sa petite-amie qui l'avait poussée après tout. Elle lui avait dit que sortir lui ferait du bien. Trop de pression au boulot qu'elle croyait. Mais si seulement elle connaissait la vérité. Oui, si elle savait elle n'aurait sans doute plus ce stupide sourire accrochés aux lèvres. Et plus le temps passait, plus ce stupide sourire horripilait Will. Ouvre les yeux bon sang, qu'il criait dans sa tète.

Le soir était maintenant tout à fait tombé, la nuit avancée. Il était accoudé au bar, sirotant de l’alcool par-ci, pas-là. La soirée ne faisait que de commencer après tout. Puis une main agrippa son bras gauche, et le tira vers l'arrière afin de le ramener sur terre. « Allez, viens danser Will ! Blondie n'est pas là, autant en profiter. » chuchota une voix à proximité de son oreille. Will se retrouva alors sur la piste de danse, accompagné d'une des ses amis de longue date. Et même un aveugle aurait pu constater que la demoiselle avait déjà ingurgité plusieurs verres. La musique retentissait dans son crâne et Will finit par se perdre dans la foule. Il ne voyait plus la jeune fille. Tampis. Il aperçut alors une longue chevelure brune plus loin, puis un visage. Un visage si familier. Alors il tenta de s'avancer. Peut-être n'était-ce qu'une illusion. Il fronça les sourcils, et la vit. Sera, elle était là, sous ses yeux. Elle dansait. Elle dansait avec un homme, et ce n'était pas lui. Pourquoi ce n'était pas lui ? Elle le regarda alors et lui adressa même un sourire qui éveilla l'esprit de Will. Non, ce n'était pas elle la grande ici, elle, elle n'était rien qu'un petit bébé. Elle voulait jouer ? Alors ils allaient jouer. Il chercha rapidement du regard son amie avant de finalement la retrouver. Sans vraiment s'en rendre compte, il l'attrapa à son tour par le bras, lui chuchota quelques mots à l'oreille puis elle éclata de rire. Ils se collèrent alors l'un à l'autre, et bougèrent au rythme de la musique. Enfin, il jeta un coup d’œil à sa droite, vérifiant qu'elle était toujours là, qu'elle le regardait toujours. Il adopta alors un sourire en coin lorsqu'il capta son attention, puis se rapprocha un peu plus de la demoiselle pour finalement déposer ses lèvres sur son coup dénudé.

Il était pas censé être là. Ce soir, c'était censé être la soirée où elle pouvait faire une pause, où ses pensées pouvaient l'oublier. Sera, elle avait juste besoin de quelques heures loin de lui et de tous les sentiments qu'il faisait naître en elle. Elle ne pouvait pas passer à autre chose quand il était toujours là dans un coin de sa tête, quand elle pouvait encore sentir l'emprunte de ses lèvres sur les siennes, quand son nom était le seul qu'elle avait sur le bout des lèvres. Pourtant, il était là. Dans la même soirée qu'elle. Comme une blague pourrie de ce putain de karma. La foule les entoure, mais leurs regards s'accrochent. Son souffle se coupe. Will était le pire des poisons. Il s'était immiscé en elle et Sera, elle est pas convaincue d'en sortir vivante de cette histoire. Ca lui sera fatale. Sera, elle essaye de faire la grande, de faire la femme mature. Elle lui tourne le dos et attrape la main du premier inconnu pas trop mal qui lui passe sous les yeux. Elle danse. Elle se force à rester dos à lui, mais elle ne peut pas s'en empêcher. Elle a besoin de le voir. Alors elle se tourne et le retrouve tout de suite. Il lui sourit, ce connard, ce grand sourire qui la fait chavirer. Connard. Elle le détaille du regard, le voit se baisser pour murmurer à une fille assez jolie. C'est donc elle que tu as choisi ? Elle ne peut pas s'empêcher de se comparer à elle. Elle est jolie, pas le genre qu'elle avait imaginé, mais jolie. Ses seins sont plus gros que les siens, son rire semble plus sincère. Son rire, ce couteau de poignard dans son rire déjà fragilisé. Puis, Will lui donne le coup de grâce. Il dépose ses lèvres dans son cou. Au même endroit où il a déposé ses lèvres dans le sien de cou. Elle a la nausée, Sera. Son cœur lui fait un mal de chien dans la poitrine. Elle arrête de danser, elle se sent incapable de bouger. T'as gagné, Will. Putain, t'as gagné. Mais Sera, elle est bien trop fière pour admettre la défaite. Il l'a pas choisi elle. Elle s'est livrée à lui, lui a ouvert son cœur, lui a offert son corps et lui, lui, il a choisi une autre femme. Pas une fille pathétique qui s'accroche à une histoire qui n'a jamais existé. Elle sent les mains de l'inconnu glisser sur ses hanches. Elle ressent rien Sera, mais pourtant, elle se tourne. Elle enroule ses bras autour de son cou et va plus loin que Will. Elle ressent toujours rien quand ses lèvres se posent sur les siennes. Sera, elle peut pas s'empêcher de remarquer que c'est pas comme avec Will, que la passion n'est pas là, que son cœur ne s'acharne pas dans sa poitrine. Elle décole ses lèvres des siennes et son regard s'accroche à Will, une lueur de défi dans les yeux. Tu vois, Will, moi aussi, je peux choisir un autre homme. « Tu veux venir boire un verre chez moi ? » Pas vraiment, mais c'est mieux que la solitude. Avant Will, Sera, elle a jamais ressenti le manque d'un homme dans sa vie. Depuis qu'il n'est plus là, c'est tout ce qu'elle ressent. Le manque de lui. Alors elle acquiesce. Allons-y, boire ce dernier verre. Il attrape sa main et l'entraine vers la sortie. Elle passe à côté de Will et elle peut pas s'en empêcher. Ses doigts effleurent les siens. Arrête-moi s'il te plait. Me laisse pas devenir cette fille.

Elle pouvait s'offrir tout les plaisirs qu'elle voulait. Elle aurait pu s'amuser ailleurs, dans n'importe quelle boite de nuit du monde entier. Mais non. Elle a choisi celle là, ici à Camrose. Comme pour lui rappeler. Lui rappeler son erreur, lui rappeler qu'il avait trompé sa copine, lui rappeler qu'il n'était qu'un stupide con. Parce que oui, c'est ce qu'il était Will, un stupide con. Il voulait la rendre jalouse et il ne savait même pas pourquoi. Il ne connaissait pas ce sentiment Will. Parce que lui, il a toujours tout eu, il a une petite-amie qu'il aime... sans doute. Et pourtant, il est là à épier cette fille du coin de l’œil. À espérer une quelconque réaction. Il voulait qu'elle lui parle, qu'elle lui offre un vrai sourire, qu'elle le secoue, qu'elle lui dise qu'elle lui appartenait toujours, qu'elle était sienne à jamais. À lui et pas à cet autre gars. Elle ne le connaissait même pas, il en était sûr. De toute façon, il s'en fichait Will. C'était qu'une gamine après tout. Et c'est pour ça, oui c'est pour ça qu'il avait déposé ses lèvres sur le coup de son amie. Pour lui montrer, lui montrer qu'elle ne comptait pas, qu'elle n'était rien. Il couvrit alors délicatement la peau de son amie de légers baisers, faisant durer le moment le plus longtemps possible. Même si il ne ressentait rien, ces baisers étaient vides de sens et pourtant il voulait qu'ils en aient pour Sera. Puis il releva la tète en sa direction. Il voulait la voir, voir sa réaction en épiant chacun de ses mouvements. Et même si il ne parvenait pas à la voir en entière à cause de la foule, il pouvait parfaitement apercevoir son visage. Elle s'était stoppée dans son élan. Elle ne dansait plus. Un sourire victorieux s'esquissa alors instantanément sur les lèvres de Will. Oui, Will il était fier de lui. Il avait gagné. Encore une fois. Savoir qu'au final la jeune fille tenait encore à lui, le remplissait d'une certaine jouissance non dissimulée. Enfin ça, c'est ce qu'il croyait. Le temps d'un battement de cil et la jeune brune avait déposé ses lèvres sur celles de son compagnon. Alors lui aussi se stoppa dans son élan. C'est une blague ? Elle n'avait pas le droit. Non, personne d'autre que lui n'avait le droit de goûter à ses lèvres rosées. Il fronça les sourcils, partagé entre l'idée d'exploser la gueule de ce connard ou de simplement s'en aller. Enfin elle se décolla de lui, pour finalement attraper sa main. Elle se laissait guider par lui, le suivait comme un petit toutou docile. Alors il comprit. Ils allaient chez lui. Chez elle. Dans un hôtel. Peut importe. Will, il s'en fichait. Ils se rapprochaient. Le jeune homme passa à côté de lui et Will dû faire un effort surhumain pour ne pas l'agripper par la gorge. Vint ensuite le tour de la belle, il ne la regarda pas, il ne voulait pas apercevoir son regard. Puis ses doigts effleurèrent les siens, comme un électrochoc, un coup du jus bien trop rapide. Peut-être qu'il aurait du attraper sa tendre main. Peut-être qu'il aurait du la retenir. Peut-être qu'il aurait du crier son prénom. Mais Will n'en fit rien. On n'était pas dans un best-seller américain ici. Le méchant ne clame pas son soit-disant amour pour l'héroïne dans la réalité. Puis après tout, Will, il s'en fichait. La demoiselle était loin derrière lui maintenant, et Will, il ne se retournait pas. Non, William, il ne se retournait jamais.

La blonde tira alors Will de ses pensées. Bien trop impatiente, elle ne comprenait pas cette soudaine pause. Un sourire aux lèvres, elle enroula ses bras autour de son coup, ayant visiblement pris goût à ses précédant baisers. Elle approcha son visage de celui de Will, comme une prédatrice. Agacé, Will porta son index sur les lèvres de la demoiselle. Non, il n'ira pas aussi loin. Il était en couple et n'avait jamais franchi ce cap avec aucune autre femme. À pars elle. T'as gagné Sera. T'as gagné. Doucement, il recula de quelques pas, et tourna le dos à son amie après s'être excusé. De toute façon, elle ne se souviendra sûrement de rien le lendemain. Et voilà, que ses jambes commencèrent à bouger. Il s'extirpa de la foule, prévint ses amis qu'il allait prendre l'air. Et rapidement, il emprunta le chemin de la sortie. Non, il ne pouvait pas. Will, il ne pouvait pas la laisser partir avec ce gars. Ce n'était qu'une poupée bien trop fragile, bien trop innocente pour lui, pour le monde qui l'entourait. Alors Will, il accéléra le pas. Il ne prit même pas le temps d'attraper sa veste aux vestiaires. Il devait les retrouver avant qu'ils ne partent. Will, franchit alors la sortie lorsqu'il tomba sur eux à une dizaine de mètre. Il s'avança, déterminé à récupérer la belle. Et il ne fallut pas bien longtemps avant que Will n'empoigne le jeune homme par le col et le plaque contre le mur le plus proche. Il ne s'était pas annoncé et n'avait même pas adressé de mot à la brune. « Écoute-moi bien. Tu va gentiment partir et laisser cette fille ici, d'accord ? ». « Quoi ?! Je crois que j'ai pas bien entendu, tu peux répéter ? » Coriace le petit. Il devait avoir quoi ? Vingt, vingt et un an ? « Tu m'as très bien compris mais je vais tout de même faire un effort. Je te donne cinq minutes pour dégager sinon c'est mon poing dans ta gueule. C'est mieux comme ça ? » Le jeune homme hocha alors légèrement la tète de bas en haut. Puis Will recula de quelques pas, relâchant ainsi son étreinte. Le jeune blond ne se fit pas prier et prit ses jambes à son coup. « Et ben, ça joue les gros durs mais au final y'a rien dans le pantalon. » dit Will en lâchant un rire qui n'en était pas vraiment un.

Ses doigts effleurent les siens et Sera, elle le ressent dans tout son corps. Will ne devrait plus lui faire d'effet. Pas après ce qu'il lui a fait. Will, il a écorché son cœur à vif. Il y a encore des jours où Sera a du mal à respirer tant ça lui fait mal. Pourtant, cette idiote, elle espère encore. Son regard glisse sur son visage, mais rien. Pas un sursaut, pas un seul signe qu'il aurait pu ressentir la même chose qu'elle. Alors elle serre la main de cet inconnu et elle le suit, parce que Sera, elle a besoin d'oublier. Elle a besoin d'oublier qu'elle sera jamais son premier choix. Il est temps qu'elle admette qu'elle a jamais compté pour lui, que ses sentiments étaient à sens unique, qu'il s'est simplement servi d'elle pour assouvir ses besoins. Sera, c'est la jolie fille qu'on désire pour une nuit. L'espoir ne mène à rien. Cet inconnu ne sera pas là demain matin, il ne lui offrira pas de petit déjeuner, il ne s'inquiétera pas de sa journée. Il se contentera de prendre son plaisir entre ses cuisses et la délaissera pour une fille plus jolie, pour une fille plus intéressante. Elle déteste ça, Sera. Elle déteste cette fille que Will l'oblige à devenir. Ca lui donne la nausée. Sera, elle y a cru à leur histoire. Elle a pensé à leur futur. Elle s'est imaginée à ses côtés. Et parfois, elle imagine encore ses bras autour d'elle quand le monde devient trop grand. Il sera jamais là, Sera. Apprends à vivre sans lui. A défaut de le faire, elle peut prétendre que cet inconnu est lui quand il déposera ses lèvres sur les siennes. Elle finira par l'oublier, Will.

« Écoute-moi bien. Tu va gentiment partir et laisser cette fille ici, d'accord ? ». Elle sursaute, ne comprends pas réellement ce qui se passe. Sa main n'est plus dans celle de l'inconnu. Son coeur anesthésié s'affole. Elle s'imagine le pire, se voit déjà faire les titres de tous les magasines. Seraphine Markovitch, agressée à la sortie d'une boite de nuit en compagnie d'un homme dont elle ne connaît pas le prénom, mais avec lequel elle avait l'intention de passer la nuit. Et puis, elle le reconnaît. Will. Le ton de sa voix lui est inconnu pourtant. « Tu m'as très bien compris mais je vais tout de même faire un effort. Je te donne cinq minutes pour dégager sinon c'est mon poing dans ta gueule. C'est mieux comme ça ? » elle cligne des yeux. Les informations ne semblent pas vouloir monter à son cerveau. Elle reste pétrifiée dans son coin et elle sait que le frisson qu'il la parcoure n'a rien à voir avec la fraîcheur de la soirée. Il est venu. Il l'a empêché de devenir une fille qu'elle n'aurait pas aimé être. « Et ben, ça joue les gros durs mais au final y'a rien dans le pantalon. » Elle revient à la réalité. Il lui tourne le dos. Encore. Il ne la regarde pas. Il ne la considère pas. Will n'est pas son prince charmant. Il ne vient pas la sauver. Il vient simplement s'assurer qu'elle est au plus bas. Elle sent la colère gronder dans ses veines. « Parce que toi t'as quelque chose dans le pantalon peut-être ? » qu'elle demande, sa voix plus froide que jamais. « Tu te sens mieux ? » Elle croise les bras sur sa poitrine. Pour se réchauffer. Pour se protéger de sa froideur. Pour s'assurer qu'il ne lui donnera pas un nouveau coup au cœur. Sera, elle est pas sûre de survivre à un autre coup de poignard. Pourtant, elle attaque. « Je peux pas t'avoir, mais personne ne peut m'avoir c'est ça ? » Elle se donne trop d'importance, elle le sait. Il se moque bien de qui peut l'avoir, elle. Sa colère retombe. « Non ne réponds pas à cette question. J'veux pas entendre tes excuses à deux balles. » Sera, elle pensait connaître Will, mais cet homme est un inconnu. Une putain d'énigme qu'elle n'arrive pas à résoudre. « Pourquoi tu l'as fait fuir ? » qu'elle murmure à la nuit. Pourquoi tu m'as pas retenu ? Pourquoi tu me laisses pas t'oublier ?

Il lui tournait le dos, Will. Non, il ne voulait pas la voir. Il ne voulait pas revoir ce si doux visage d'aussi prés. L'avoir aperçu au loin lui suffisait. Il ne voulait pas, Will, que d'autres souvenirs remontent à la surface. Il ne voulait pas se rappeler toutes ses heures suspendu à son téléphone portable, attendant chacun de ses messages comme une bénédiction. Il ne voulait pas se rappeler de son sourire, son vrai sourire. Il ne voulait pas subir ce regard inquisiteur, qu'il pouvait deviner même de dos. Il ne voulait pas lui accorder de l'importance. Elle n'était rien pour lui après tout. Alors Will, il fourra ses mains dans les poches de son jean en regardant l'inconnu partir au loin. « Parce que toi t'as quelque chose dans le pantalon peut-être ? » lança-t-elle quelques secondes après Will. Il cligna des yeux plusieurs fois, n'étant pas sûr d'avoir bien entendu. Elle était froide, glaciale. Le ton de sa voix lui rappelait ce jour, ce jour où comme un oiseau, elle s'est envolée de sa vie sans se retourner. « Tu te sens mieux ? » Non. Oui. Peut-être. Un peu. Probablement. Il n'en savait rien Will, mais elle renchérissait encore et encore alors il préférait encaisser. « Je peux pas t'avoir, mais personne ne peut m'avoir c'est ça ? » En plein dans le mille, petite. Sauf que ça, Will, il ne l'avouera sans-doute jamais. « Non ne réponds pas à cette question. J'veux pas entendre tes excuses à deux balles ». La belle ne pouvait pas le voir mais un sourire s'esquissa sur les lèvres de Will. Il n'avait aucunement l'intention de lui répondre de toute manière. « C'est bon, t'as terminé ?  Un simple merci aurait suffit tu sais. » répond-il d'une voix monotone, dénuée de tout sentiment, le dos toujours tourné. « Pourquoi tu l'as fait fuir ? » Parce que tu m'appartiens. Parce que t'es à moi. Parce que j'arrête pas de penser à cette nuit. Parce que je pensais ne plus jamais te revoir. Parce que je ne voulais plus te revoir, merde. « Parce que tu mérites mieux qu'un con comme lui, Sera. » qu'il lâche finalement en se retournant doucement. Elle avait les bras croisés et ce regard accusateur. Elle était pourtant tellement belle. Bien mieux que sur toutes ces affiches. Will planta alors son regard dans le sien, comme pour sonder son esprit. Comme pour lui prouver qu'elle n'avait peut-être pas encore gagné. « Alors c'est ça ? Tu peux pas t’empêcher d'allumer le premier venu juste pour me prouver que t'es mieux sans moi ? » lança-t-il, la colère remontant peu à peu en lui. Will, il avait tellement de choses à dire qu'il ne savait pas par quoi commencer. « Oh mais excuse-moi, c'est vrai que t'es Sera Markovitch, une des mannequins les plus prisées du moment. Tu peux te taper n'importe qui, après tout, du temps que ça entiche pas ta réputation. » ajouta-t-il d'un trait.  « Mais redescends sur terre, ma pauvre. T'es pas si différente que toutes ces filles au final. Juste bonne à faire la belle aux yeux du grand public et à traîner dans des lits différents chaque soir. » qu'il lui crache d'un air dédaigneux. Il savait que c'était faux, Will, mais il voulait faire souffrir cette petite chose, lui montrer qu'elle n'était rien. Elle n'avait aucun pouvoir sur lui et comptait bien le lui prouver. C'était elle qui avait voulu jouer.

Il y a quelques semaines une journaliste a demandé à Sera ce qu'elle effacerait dans sa vie si elle avait cette chance. Sur le coup, elle n'avait pas su lui répondre. Après tout, Sera a vingt ans, le monde au bout des doigts et tout ce qu'une jeune fille de son âge peut espérer. Maintenant, elle sait. Elle effacerait leur rencontre. Elle ne s'arrêterait pas pour une cigarette. Elle continuerait son chemin comme si elle n'avait pas remarqué le danger dans ses pupilles couleurs chocolat. Malheureusement, elle n'a pas ce pouvoir. Leur rencontre a eu lieu, leur histoire – du moins ce truc entre eux – a existé et le cœur de Sera, il a été abîmé. Elle a beau essayé de l'oublier, c'est ancré en elle. Il est ancré en elle. Mais elle, elle n'est ancré nulle part. Elle ne compte pas. Elle mérite simplement son dos. Pas un regard. Pas un sourire. Juste sa froideur.  « C'est bon, t'as terminé ?  Un simple merci aurait suffit tu sais. » Un rire froid s'échappe de ses lèvres. Ca n'a rien de drôle pourtant. C'est même plutôt pathétique leur situation quand on y réfléchit. Merci Will. Merci Will d'avoir fait fuir ma seule chance à t'oublier. Mais elle se tait, Sera. Une question de survie. Un sursaut de fierté, elle sait pas trop, mais ses lèvres restent scellés. « Parce que tu mérites mieux qu'un con comme lui, Sera. » Son cœur s'arrête, puis reprend. Trop vite. Bien trop vite. Ses bras se décroisent, retombent le long de son corps. Son regard s'accroche au sien. Et pendant quelques secondes, elle a l'impression de respirer enfin. Il est là. Il la regarde. Il l'empêche de devenir une femme qu'elle aurait détesté. « Un mec comme toi ? » qu'elle murmure, sa voix emprunte des espoirs infondés qu'il fait naître en elle. « C'est ça que je mérite ? Un mec qui en choisit une autre ? » Elle le défit, mais elle en veut pas de sa réponse. Elle veut pas lui entendre dire qu'il la choisira toujours elle, que Sera, elle comptera jamais. « Alors c'est ça ? Tu peux pas t’empêcher d'allumer le premier venu juste pour me prouver que t'es mieux sans moi ? » C'est ça. C'est exactement ça. T'as vu ce que tu as fait de moi Will ? Tu m'as tellement détruite que je me perds dans les bras d'inconnus pour pouvoir me reconstruire. « Oh mais excuse-moi, c'est vrai que t'es Sera Markovitch, une des mannequins les plus prisées du moment. Tu peux te taper n'importe qui, après tout, du temps que ça entiche pas ta réputation. » Elle encaisse les sous, serre les dents pour ne pas lui hurler dessus. Qu'il le lâche son venin, ce sera jamais pire que son silence.  « Mais redescends sur terre, ma pauvre. T'es pas si différente que toutes ces filles au final. Juste bonne à faire la belle aux yeux du grand public et à traîner dans des lits différents chaque soir. »  Et une nouvelle fois, il lui prouve qu'elle a tort. Ses mots sont plus douloureux que son silence. Elle recule d'un pas, comme s'il l'avait giflé. « Mais pour qui tu te prends à me faire la morale ? T'es pas mon mec, je te rappelle. » Les mots lui échappent. Elle se moque du monde qu'elle les entoure. « J'ai rien fait de mal. Aux dernières nouvelles, je suis encore célibataire. J'ai promis à personne fidélité. Si j'ai envie de passer la nuit avec un homme que je connais à peine, j'en ai tous les droits. Je suis pas celle qui est en couple et qui trompe ma copine à tour de bras. C'est toi. Ne viens pas me faire la morale alors que ta copine t'attends à l'intérieur. » Ses mots lui écorchent la bouche, ça fait mal dans sa poitrine. Elle le déteste, Will, d'être là avec elle alors qu'il rentrera avec poupée barbie à la fin de la soirée. « J'ai rien à me reprocher. T'as pas voulu de moi, Will. » qu'elle lui fait remarquer. J'aurais pu passer la soirée avec toi, celle-ci et toutes les autres, mais tu l'as choisi elle. Sa colère redescend à peine. Elle passe une main dans ses cheveux pour calmer les tremblements de ses doigts. Elle sait pas si c'est l'alcool qui lui coule dans le sang ou si c'est la présence de Will à ses côtés, mais elle a l'impression qu'elle est sur le point d'exploser. Elle en sortirait pas vivante de leur petit jeu. « Tu seras pas toujours là pour m'empêcher de rentrer avec un autre homme. » Elle veut lui faire mal, comme il peut lui faire mal à elle. Mais Sera, elle sait que ses mots n'ont pas le même impact. Sera, il en a rien à faire de toi, t'as pas encore compris ? Son regard ancré dans le sien, elle n'ose pas bouger. Son regard la trahit, elle le sait. Je t'ai pas oublié Will, mais un jour, j'y arriverais.

Il préfère la facilité, Will, il préfère fuir. Parce qu'il est toujours préférable de nier. De nier l'évidence. Aussi limpide soit-elle. « Un mec comme toi ? » Une lueur d'espoir naquit dans ses prunelles. Il n'était pas fait pour elle, Will et il le savait. Pourtant il souhaitait y croire, il voulait y croire. Y croire de toutes ses forces. « C'est ça que je mérite ? Un mec qui en choisit une autre ? » Elle le touche. Cette lueur d'espoir s'évapora de son regard aussi vite qu'elle était apparut. Sera elle méritait tellement mieux que lui. Tellement mieux qu'un pauvre con. Elle, elle méritait la lune et bien plus encore. Alors il déversa son flot de parole, Will, il déversa son venin. Un dernier espoir pour tenter d'oublier, pour tenter de la rayer définitivement de sa vie. Et ça a marché. Elle recula d'un pas. Alors il avança, Will. Parce qu'au fond il ne voulait pas qu'elle parte. Un pas, deux pas. Elle lui appartenait. « Mais pour qui tu te prends à me faire la morale ? T'es pas mon mec, je te rappelle. » Puis, elle lui rappelle qu'il n'est rien, le faisant stopper sa marche. Comme si elle avait appuyé sur le bouton stop. C'est vrai, Sera n'était pas sienne. « J'ai rien fait de mal. Aux dernières nouvelles, je suis encore célibataire. J'ai promis à personne fidélité. Si j'ai envie de passer la nuit avec un homme que je connais à peine, j'en ai tous les droits. Je suis pas celle qui est en couple et qui trompe ma copine à tour de bras. C'est toi. » Elle avait raison, Sera. Oui, le connard c'était lui dans l'histoire. C'était lui, celui qui faisait souffrir la belle. C'était lui qui avait l'impression de devenir fou tant ses paroles résonnaient comme des coups de poignards. « Ne viens pas me faire la morale alors que ta copine t'attends à l'intérieur. » Il avait envie de crier. De lui hurler dessus. Mais il se retient, Will. Alors il inspira profondément, tentant de maîtriser sa colère. « C'est pas elle. C'est pas elle à l'intérieur. » qu'il murmure. Il aurait put lui laisser croire que c'était elle sa petite-amie, ça n'aurait rien changé à la situation après tout. Mais peut-être qu'il voulait lui faire croire qu'elle n'était pas unique, Sera, ni exclusive. Qu'il n'avait pas trompé sa petite-amie qu'avec elle. « J'ai rien à me reprocher. T'as pas voulu de moi, Will. » Si, il avait voulu d'elle, Will. Mais c'est elle qui est partie. C'est elle qui avait claqué cette porte, le laissant seul dans cette chambre trop grande. Et il lui en voulait de l'avoir quitté. Pourtant, il ne comprenait pas Will, il ne comprenait pas pourquoi son cœur flanchait à chacune de ses paroles. Mais il pouvait le sentir, Will. Elle s'éloignait. Il la perdait et peut-être pour de bon cette fois ci. « Parce que j'ai quelque chose à me reprocher peut-être ? N'attends pas d'excuses de ma part, tu n'en auras pas, Sera. Je n'ai rien demandé de tout ça, moi. Je n'ai jamais demandé à ce que tu t’immisces dans ma vie. J'étais bien sans toi, j'aimais ma petite-amie et... » Will se stoppa dans son élan. Il avait utilisé le passé sans s'en rendre compte. Ses poings et sa mâchoire se serrèrent alors. « Pourquoi il a fallut que tu t'arrêtes ce soir-là, hein ? Pourquoi il a fallut que tu me demandes cette putain de cigarette ? Toi et moi c'était une erreur, ça n'aurait jamais dû arriver ! Comprends-moi je ne pouvais pas effacer une relation de quatre ans d'un simple claquement de doigts. » Prononça-il en dissimulant à peine son impuissance face à leur situation. Situation qui lui semblait plus que pathétique. Il avait l'impression d'être retombé à l’adolescence, Will. Il se sentait misérable. « Tu seras pas toujours là pour m'empêcher de rentrer avec un autre homme. » Ça le rendait dingue. Elle le rendait dingue. Il ne pouvait supporter la vision de Sera dans les bras d'un autre homme que lui. Il aimerait être spécial, Will. Il aimerait pouvoir la toucher à nouveau. Mais c'était peine perdue. Alors, il s'approcha d'un pas rapide. Comme un automate, il attrapa fortement son poignet, et la poussa. Il la poussa vers le petit muret où il avait plaqué l'inconnu il y a quelques instants. Mais plus délicatement, c'était Sera après tout. Sa petite poupée. Il avait envie de lui crier des paroles sincères. Étouffe moi des tes baisers. Oublis le reste. Serre moi. Ne pense qu'à moi. Faisons-le exister ce nous. Avant qu'il ne s'envole et s'évapore. Mais il ne disait, rien Will. Il approcha son visage un peu plus du sien, réduisant l'espace qui les séparait. Il n'allait pas l'embrasser, non. «  Pourquoi ? Pourquoi tu me détestes à ce point ? » qu'il parvint à souffler, ses yeux encrés dans les siens. Il puait la confiance, Will. «  Ose. Ose me dire que tu ne ressens rien pour moi. » murmura-t-il au creux de son oreille alors qu'il faisait balader les doigts de sa main libre sur sa joue.

Elle ne comprenait pas, Sera, comment ils avaient pu en arriver là. Elle y avait cru aux prémisces de leur histoire. Cette idiote, elle avait cru que ça pourrait être de l'amour entre eux, mais ses sentiments, ils étaient à sens unique. Will ne la regarderait jamais comme elle pouvait le regarder lui. Elle ne sera jamais la première personne à qui il pense quand son esprit est perdu entre les rêves et la réalité. Il en aime une autre. Et Sera, ça lui fait un mal de chien de savoir qu'elle n'était qu'une fille comme les autres, que leur histoire n'avait – n'a – d'importance que pour elle. Et comme si c'était pas suffisant, Will en remet une couche. Il fait couler son venin en elle. Il l'achève. Doucement, mais sûrement. « C'est pas elle. C'est pas elle à l'intérieur. » Ce n'est qu'un murmure, mais Sera, elle sent ses mots dans tout son corps, comme un milliers de petits couteaux pointés dans sa chair. C'est pas elle ? « Mais... » Ses mots s'étranglent dans sa gorge. Mais tu l'as embrassé, tes lèvres ont touché sa peau, à l'exact endroit où ils ont touché la mienne de peau. Un rire froid s'échappe de ses lèvres pour camoufler ses pupilles qui commencent à être mouillé. Elle passe une main dans ses cheveux dans un geste d'agacement. « Putain, que j'suis conne. » Elle se mordille la lèvre, elle tente de calmer les battements de son cœur. Regarde toi, Sera. Tu pensais pas être la seule quand même ? Mais si, elle y a cru, Sera. Elle pensait être sa seule exception. Pauvre idiote.  Il avait pas voulu d'elle, ça aurait dû lui être suffisant comme indicateur, mais elle avait continué d'y croire. Malgré tout. « Parce que j'ai quelque chose à me reprocher peut-être ? N'attends pas d'excuses de ma part, tu n'en auras pas, Sera. Je n'ai rien demandé de tout ça, moi. Je n'ai jamais demandé à ce que tu t’immisces dans ma vie. J'étais bien sans toi, j'aimais ma petite-amie et... » Mais t'as tout à te reprocher qu'elle a envie de lui crier, mais il parle au passé, et Sera, cette idiote, elle relève la tête. Elle accroche son regard au sien et elle espère, Sera. Continues. Dis moi que tu m'aimes maintenant. Qu'elle, c'est ton passé, mais que moi, je suis ton présent. « Pourquoi il a fallut que tu t'arrêtes ce soir-là, hein ? Pourquoi il a fallut que tu me demandes cette putain de cigarette ? Toi et moi c'était une erreur, ça n'aurait jamais dû arriver ! Comprends-moi je ne pouvais pas effacer une relation de quatre ans d'un simple claquement de doigts. » Elle détourne le regard, elle sent la boule qui se crée au fond de l'estomac. Leur histoire était voué à l'échec dès le début. Quoi qu'il fasse, ils seraient toujours confrontés au même problème : il ne la choisira jamais. Et Sera, elle a du mal à l'accepter. Alors, elle s'agace, elle crie et pendant quelques minutes, elle sera la seule personne à laquelle il pense. « Parce que tu veux que je te comprenne ? Y a rien à comprendre, Will. T'avais une petite-amie et tu m'as laissé croire qu'il y avait une chance entre nous, que toi et moi, ça pouvait exister. » Elle l'accuse, n'hésite pas à taper là où ça fait mal. Qu'il souffre après tout, comme elle souffre. « T'aurais pu refuser cette cigarette. T'avais pas à m'embrasser ce soir là. T'aurais pu éviter mes messages les semaines qui ont suivi. T'aurais pu ne jamais rentrer dans cette chambre ce soir là. T'avais pas à me faire l'amour. Tu n'avais pas à me donner de l'importance. T'aurais pu... » Elle se tait, se mordille la lèvre pour ne pas dire ce qui la taraude. T'aurais pu me tourner le dos et m'empêcher de devenir folle de toi. Will, elle devait l'oublier. Ca devenait vital. Elle ne pouvait plus vivre avec le poison de son absence dans les veines. Il l'avait empêché de commettre une erreur ce soir, mais il ne serait pas toujours là. Un jour, elle décidera de l'oublier dans les bras d'un autre. Un jour, elle y arrivera. Ca lui vrille le cœur, mais elle se rattache à ces paroles comme à un vieux mantra. Elle croit percevoir une lueur de jalousie dans son regard, mais Sera, elle cesse d'espérer. Pas après ses mots. Pas après cette fille qui n'est pas sa petite-amie. Il la pousse et elle recule. Son dos se plaque contre le mur. Elle est coincée, Sera, mais même si elle avait voulu, elle n'aurait pas pu s'enfuir. Pas quand il la regardait comme ça. Comme avant. «  Pourquoi ? Pourquoi tu me détestes à ce point ? » Elle oublie de respirer. La proximité de leurs deux corps l'empêche d'être cohérente. Il suffirait qu'elle se mette sur la pointe des pieds pour que leurs lèvres se retrouvent. Elle cherche à éviter son regard, elle ne veut pas lui donner cette victoire, mais les mots finissent par lui échapper. « Parce que tu m'as brisé le cœur. » Ce n'est qu'un murmure, mais  elle sait qu'il a entendu. Ses doigts glissent sur sa joue et Sera ferme les yeux. Elle en profite. Juste quelques secondes. Les yeux fermés, elle peut interpréter ce geste comme un soupçon d'affection. «  Ose. Ose me dire que tu ne ressens rien pour moi. »  Mais tout ça, c'est qu'un jeu pour lui. Les doigts de Sera se referme sur son tshirt, elle veut le garder près d'elle. Quelques minutes contre le reste d'une éternité pour elle. « Ose me dire que la fille à l'intérieur compte. » Parce que dans ce cas, je ne ressentirais plus rien, Will.

Il aperçoit ses pupilles s'humidifier peu à peu. Et il a mal, Will, il a mal. Une douleur au ventre qui s'agrandit de plus en plus. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il la ressent ? Ce trou béat, là, au creux de son estomac. Pourtant, il tentait de se justifier Will, comme si c'était nécessaire, comme si ça allait tout effacer. « Parce que tu veux que je te comprenne ? Y a rien à comprendre, Will. T'avais une petite-amie et tu m'as laissé croire qu'il y avait une chance entre nous, que toi et moi, ça pouvait exister. »  Mais, elle était butée Sera. Elle ne voulait pas comprendre, ni même écouter ce qu'il pourrait lui dire. Comme si ses paroles allaient tout arranger. Mais non, Will, il n'était pas ce connard qui se reflètait dans ses yeux. Non, il n'a jamais voulu lui faire de mal. Il n'a jamais souhaité que leur histoire arrive, si histoire il y a. Pourtant, il aimerait y croire., Will. Il aimerait goutter à ce fruit interdit. Défendu par les lois de sa bonne conscience. « T'aurais pu refuser cette cigarette. T'avais pas à m'embrasser ce soir là. T'aurais pu éviter mes messages les semaines qui ont suivi. T'aurais pu ne jamais rentrer dans cette chambre ce soir là. T'avais pas à me faire l'amour. Tu n'avais pas à me donner de l'importance. T'aurais pu... »  Alors, elle enfonçait le couteau plus loin, Sera. Elle lui avouait ses quatre vérités, elle lui dévoilait tout ses mauvais vices. Mais, Will, il savait qu'elle avait raison. Et c'était surement ça, qu'il le rendait encore plus fou. Il savait qu'elle disait vrai. Qu'il n'aurait jamais dû jouer avec le feu. « Donc, c'est de ma faute, c'est ça ? Mais t'as bien pris ton pied , pourtant, ce soir là. Tu t'es bien amusée, non ? Et ne me dis pas que tu regrette parce que je sais que c'est faux, sinon tu n'aurais jamais agis comme ça avec ce gars. » Il ne savait pas ce qu'il disait, Will, tant ses paroles oscillaient entre la sincérité et la méchanceté. Au fond, il ne savait même pas ce qu'il voulait, Will. Peut-être que Sera revienne. Peut-être que Sera parte. Il était perdu, il ne comprenait plus. Alors comme un dernier espoir, un acte spontané, il la poussa vers le muret. Il prit l'initiative, comme toujours. Il approcha son corps du sien, il pouvait sentir son souffle chaud caresser sa peau, lui rappelant ainsi cette nuit qu'ils avaient passé ensemble. Puis, il lui demanda, Will, il lui demanda pourquoi elle le détestait tant. Pourquoi son regard reflétait un homme qu'il n'était pas. « Pourquoi ? Pourquoi tu me détestes à ce point ? »  Pourquoi il avait l'impression d'être le plus misérable des hommes devant elle. « Parce que tu m'as brisé le cœur. » qu'elle murmure alors. Puis c'est le sien de cœur qui se brise. Elle l'achève finalement. Il le savait pourtant, il savait que la belle souffrait. Mais l'entendre de sa bouche le fit sombrer. L'entendre de cette voix si douce, l’enterra plus bas que terre. Il s'en voulait, Will, parce qu'il aurait tellement voulu que ça se passe autrement.  « Ose. Ose me dire que tu ne ressens rien pour moi. » souffla-t-il doucement prés de son oreille. Ses phalanges sur sa peau, il caressait sa joue d'un geste tendre. Il connaissait son visage sur le bout des doigts. Il avait l'impression que son toucher s'émerveillait sous chaque trait, chaque imperfection, chaque creux de sa douce peau. « Ose me dire que la fille à l'intérieur compte. » répond-elle en refermant sa main sur son t-shirt. Pour toute réponse il approcha son visage du sien, et colla son front contre celui de Sera, puis ferma les paupières à son tour. Il en avait marre de tout ça, Will, de ce dialogue de sourd qui ne semblait vouloir prendre fin. Oui, il ne savait pas quoi répondre Will, alors il préférait profiter de l'instant. Bien sûr qu'il ne ressentait rien pour cette fille. Ce n'était qu'une amie après tout, et elle ne représentait rien de plus pour lui. Mais il y en avait une autre. Et elle, elle comptait. Elle, elle avait sa place dans le cœur de Will, et c'était indéniable. « Évidement qu'elle ne compte pas Sera. C'est qu'une amie et... et moi aussi. Moi aussi j'avais besoin de prouver que j'étais mieux sans toi. Ouai, moi aussi je suis un gros con. » Paraît d'ailleurs que l'amour rend con. Will rouvrit alors délicatement ses paupières, et d'une main il replaça les quelques mèches rebelles de Sera derrière son oreille. Il ne voulait pas bouger mais il le devait. Il le devait, Will, parce qu'ils n'étaient pas ensemble. Parce qu'il retrouvera sa petite-amie ce soir, parce qu'elle se blottira dans ses bras et qu'ils dormiront collés l'un contre l'autre. Mais avant, elle lui demandera comme c'était passée sa soirée, alors il lui mentira, Will. Encore. « Mais... il y en a une autre qui compte. Je l'aime Sera. Elle... elle a toujours été là pour moi et... je peux pas, je peux pas lui faire ça. » lâcha-t-il finalement en s'éloignant de la jeune fille, le cœur lourd.

Elle comprend pas Sera. Comment quelqu'un qu'elle ne connaissait pas il y a encore deux mois avait pu prendre autant de place dans sa vie ? Pourquoi lui, pourquoi ce soir là ? Elle comprend pas Sera. Il aurait fallu d'un rien. Deux minutes plus tard et leurs regards ne se seraient jamais croisés. Deux minutes plus tard et Sera, elle aurait jamais eu autant mal. Elle aurait pu continuer à vivre sa vie comme si rien elle était invincible. Mais elle sait, Sera. Elle sait désormais qu'elle n'est qu'une petite chose fragile, que son cœur a des ratés quand Will est près d'elle. « Donc, c'est de ma faute, c'est ça ? Mais t'as bien pris ton pied , pourtant, ce soir là. Tu t'es bien amusée, non ? Et ne me dis pas que tu regrette parce que je sais que c'est faux, sinon tu n'aurais jamais agis comme ça avec ce gars. » Elle cligne des yeux, des gouttes d'eaux s'accrochent à ses pupilles. La colère gronde dans ses veines, menace de se répandre hors de ses lèvres comme la lave d'un volcan en fusion. Elle pensait pas qu'il pouvait la faire souffrir plus. Elle avait tort. Qu'il réduise leur nuit à une simple partie de jambes en l'air la détruit à petit feu. Un rire froid s'échappe de ses lèvres. « T'as raison. Je me suis tellement bien amusé ce soir là que j'ai eu envie de recommencer avec un autre. » Elle aussi, elle pouvait être méchante. Elle aussi, elle pouvait réduire leur nuit à un amas de rien, même si ça la détruisait à l'intérieur. Elle voulait qu'il souffre lui aussi. Elle voulait lui briser le cœur à lui aussi, qu'il sache à quel point ça fait mal de se lever tous les matins et de se rendre compte qu'on était pas le premier choix, qu'on le saura jamais. Ses mots restent coincés dans sa gorge, s'échappent de ses lèvres, le touchent et Sera, elle les regrette. Elle aurait préféré qu'il la voit comme une femme forte. Pas comme une petite fille apeurée qui a eu le cœur brisé par manque d'inattention. Ses doigts glissent sur sa joue. Sera ferme les yeux. Elle profite du contact comme si c'était le dernier. Elle est effrayée, Sera, à l'idée qu'il puisse ne plus la toucher. Leurs fronts se touchent, leurs souffles se mélangent. Une larme s'échappe de ses pupilles couleur chocolats. Elle s'écrase contre sa joue. Sera, elle est lasse de ce petit jeu. Elle est fatiguée de devoir faire comme si Will n'avait pas compté, comme si leur histoire n'avait jamais existé. Mais Sera est la maîtresse, elle est celle dont on tait le nom. Elle est de celle qu'on pense célibataire alors que leur cœur est attaché à un homme, qui en aime une autre. « Évidement qu'elle ne compte pas Sera. C'est qu'une amie et... et moi aussi. Moi aussi j'avais besoin de prouver que j'étais mieux sans toi. Ouai, moi aussi je suis un gros con. » Elle rouvre les yeux, elle se perd dans son regard, elle se perd dans lui. Ses doigts se resserrent autour de son t-shirt. Elle ne veut pas que ce moment se termine. Elle veut rester ici. Avec lui. A défaut de l’éternité, elle se contentera de quelques minutes. Parce que pimbêche ne compte pas. Parce que lui aussi a mal. Parce qu'elle compte. Un peu. « Mais... il y en a une autre qui compte. Je l'aime Sera. Elle... elle a toujours été là pour moi et... je peux pas, je peux pas lui faire ça. » La douche froide. Le poignard qui s'enfonce dans sa chair, qui déchire encore plus son cœur déjà bien abîmé. Il l'aime. Elle. Il l'aimera toujours. Elle sera toujours numéro une et Sera numéro deux. Après tout, elle n'était qu'une passade, une incartade dans l'histoire de leurs vies. Elle détache son regard du sien. Elle ne le supporte plus Sera. Elle ne supporte plus l'espoir qu'il fait naître en elle pour tout lui enlever. Elle se mordille la lèvre, elle sent le sang qui coule dans ses bouches, mais ce n'est rien comparé au goût amer que laisse leur histoire. « Alors pourquoi Will ? » Elle évite son regard, repousse un petit caillou avec le bout de ses escarpins. « Si tu l'aimes tellement... » sa voix se casse, elle repousse une mèche de cheveux derrière ses oreilles et finit par relever le regard vers lui : « pourquoi on est là sur ce parking ? » Tu dois m'aimer moi aussi non ? Ne serait-ce qu'un petit peu. « Pourquoi t'es avec moi alors que tu pourrais être avec elle ? »

Ils livraient une bataille muette. Des reproches passés sous silence. Des chances manquées. Pourtant, leurs paroles s'échappaient de leurs lèvres comme des lames et des larmes. Ils se voilaient la face tant leurs cœurs dégoulinaient de fierté. Surtout celui de Will. Oui, Will il n'aurait jamais imaginé qu'une simple fille puisse prendre autant de place dans sa vie et en si peu de temps. Si seulement ses yeux communiquaient pour lui, alors il pourrait lui faire voir ce qu'il lui cachait, ce qui ne parvenait pas à franchir la barrière de ses lèvres. Mais même si il le voulait Will, il ne savait pas. Non, il ne savait pas, ou peut-être préférait-il nier l'évidence. C'était tellement plus simple après tout. « T'as raison. Je me suis tellement bien amusée ce soir là que j'ai eu envie de recommencer avec un autre. »  Une nouvelle lame, un nouveau coup. Plus profond, plus précis. Et ce n'était même pas lui qui l'avait lancé. Mais il s’acharnait à vouloir rester de marbre, Will, même si dans le fond il était prêt à exploser. Elle voulait le rendre jaloux, et ça marchait. Il ne pouvait pas l'imaginer avec un autre que lui, Will. C'était inconcevable, inadmissible. Seul lui avait le droit de caresser cette peau de lait. Seul lui avait le droit d'effleurer ses lèvres rosies. Il n'avait aucun compte à lui rendre, Will, alors elle non plus après tout. Mais ça le torturait de se la représenter dans les bras d'un autre. C'était la raison pour laquelle il était intervenu un peu plus tôt après tout. Égoïste, n’oublie pas, reste de marbre. « Ouaw. Et moi qui croyais qu'il te restait tout de même encore un peu d'estime. Écoute-toi Sera, je sais pas à quoi tu joues mais tu vaux vraiment pas mieux que toutes ces filles. » Ses mots le brisaient autant qu'ils lui réchauffaient le cœur. Il savait que Sera n'avait rien à comparer à toutes ces mannequins. Bien qu'elles étaient aussi belles les unes que les autres, elles, avaient abandonné leurs valeurs derrière elles. Contrairement à Sera qui n'avait rien à leur envier. Oui, Sera, c'était son ange mais aussi son petit bébé. Pourtant il lui en voulait, Will. Il lui en voulait de n’avoir jamais dit non à leur histoire et d’avoir accepté docilement. Alors vint le rapprochement entre leurs deux corps. Leurs deux corps qui s'étaient perdus depuis longtemps, bien trop longtemps. Puis les interrogations de Will afin que ce moment perdure un peu plus dans le temps. Juste quelques instants. Quelques secondes. Enfin, il avoua. Il justifia -plutôt, la distance qu'il instaura à nouveau entre eux deux. Sa copine se trouverait toujours là, dans sa tète, comme un obstacle infranchissable. Pourtant ça ne devrait pas être le cas, non, il l'aimait, Will depuis longtemps. Depuis, bien trop longtemps pour remettre cet amour en question. « Si tu l'aimes tellement... » Il déglutit. Il s'attendait au pire, Will. « Pourquoi on est là sur ce parking ? Pourquoi t'es avec moi alors que tu pourrais être avec elle ? » Un rire jaune, un demi-sourire. C'est tout ce qui émanait de Will à cet instant là. Il ne savait même pas quoi lui répondre Will, il n'en savait rien après tout. Peut-être parce qu'elle hantait ses pensées. Peut-être parce qu'il n'arrivait pas à l'oublier. Peut-être parce que le premier venu ne la méritait pas. Peut-être parce qu'elle lui appartenait. Peut-être parce qu'il était bien trop attaché à elle pour la laisser filer. Comme un vieux disque rayé, les mêmes suppositions tournaient encore et toujours dans sa tète. « T'attends quoi justement ? Que je te dise que je tiens trop à toi pour te laisser baiser avec n'importe qui ? Alors, oui. Oui, je te l'ai déjà dis. Tu mérites mieux que des cons comme lui. » se contenta-t-il de dire comme une évidence. Il était menaçant, comme pour la mettre en garde d’un danger. Un danger auquel elle avait déjà succombé par le passé. « Pourtant c'est pas ça que tu veux entendre n'est-ce-pas ? Ce que tu veux entendre, toi, c'est des mots d'amour. C'est des je t'aime à tout va. Tu voudrais que je laisse ma copine pour toi, que j’efface quatre ans de vie commune pour... pour une seule et unique aventure qui n’aboutira peut-être jamais. » Il la défiait du regard, Will, préférant ignorer les prunelles humides de la brune. Son cœur battait bien trop fort, il devait se calmer. Il fourra alors instinctivement ses mains dans les poches de son jean pour en sortir un paquet de cigarette et un briquet. Puis, il porta délicatement l'objet de ses désirs entre ses lèvres tout en l'allumant. « Navré de te décevoir. » murmura-t-il après avoir répandu la fumée de sa première bouffée dans la pénombre.

Pour la première fois depuis que Sera avait quitté cette chambre d'hôtal, ils se parlaient enfin. A demi-mots, mais l'effet était le même. Les reproches fusaient, injustifiés parfois, nécessaire souvent. Sera, elle ressentait ce besoin vital de lui faire du mal. Comme lui avait pu lui faire. Elle voulait qu'il souffre, Will, qu'il comprenne ce qu'elle avait ressenti quand il l'avait quitté, quand elle avait finalement compris que leur belle histoire n'était qu'une illusion. Une putain d'illusion.   « Ouaw. Et moi qui croyais qu'il te restait tout de même encore un peu d'estime. Écoute-toi Sera, je sais pas à quoi tu joues mais tu vaut vraiment pas mieux que toutes ces filles. »  Un nouveau coup en plein cœur. Elle frôle l'hémorragie, Sera. Ca n'a plus rien à voir avec les petites égratignures que d'autres ont pu lui causer. Will, c'est le criminel par excellence, le tueur en séries qui achève chacune de ses illusions, qui la détruit à petit feu. Il sera pas condamné pourtant. Après tout, il s'est contenté d'en aimer une autre. Il n'y a rien d'illégal là dedans. Peut-être que Sera trouve criminel le fait que c'est pas son regard à elle qu'il croise quand il se réveille le matin, que c'est pas ses pieds froids à elle qui cherchent la chaleur contre ses mollets. Peut-être. Il sera jamais condamné, Will, pour l'avoir considéré comme une fille basique, une fille de passage, une fille comme les autres. « Et toi, tu vaux pas mieux que tous les autres mecs. On est quitte comme ça. » qu'elle crache, Sera, même si ça lui arrache le cœur. Sera, elle les pensait mieux que les autres. Elle la trouvait jolie leur histoire. Mieux que celles des comédies romantiques. Mieux que celles des romans de gare. Quelle naïve. Elle n'était pas mieux que les autres. Il n'était pas mieux qu'un autre. Ils s'étaient juste trouvé à un mauvais moment de leur vie. Et pourtant, elle y croit encore à Will. Elle sait qu'il est mieux que les autres, que jamais, elle ne rencontrera un autre homme que lui. Alors, elle se rapproche. Leurs corps se frôlent, se touchent, à peine. De peur de se bruler. Ils se reconnaissent. Puis il s'éloigne. Encore. Il insuffle l'espoir pour le lui retirer brutalement. Mais elle continue, Sera. Elle persiste. Elle pose les questions dont elle ne veut pas les réponses. Sera, elle veut y croire. Elle veut croire qu'elle a compté, qu'elle peut compter. Plus qu'elle. Et même si elle sait qu'elle sera jamais la numéro un, elle pose la question. Qu'elle souffre une bonne fois. Que les illusions éclatent, que les réponses soient claires. Qu'elle cesse d'espérer, cette conne. Le rire qu'il lui échappe éclate dans la nuit, fissure le cœur de Sera. Le pourquoi n'aura jamais de réponse. Les illusions resteront et Sera, elle l'aimera. Encore.  « T'attends quoi justement ? Que je te dise que je tiens trop à toi pour te laisser baiser avec n'importe qui ? Alors, oui. Oui, je te l'ai déjà dis. Tu mérites mieux que des cons comme lui. » Mais tu comprends pas Will, je veux pas que tu tiennes à moi. Je veux que tu m'aimes, que t'en crèves de m'imaginer avec un autre. Parce que moi, j'en crève comme je t'imagine avec elle, quand j'imagine votre vie à tous les deux et celle que nous on aura jamais.« Pourtant c'est pas ça que tu veux entendre n'est-ce-pas ? Ce que tu veux entendre, toi, c'est des mots d'amour. C'est des je t'aime à tout va. Tu voudrais que je laisse ma copine pour toi, que j’efface quatre ans de vie commune pour... pour une seule et unique aventure qui n’aboutira peut-être jamais. » Leurs regards s'accrochent, son cœur se serre. Il a compris, Will. C'est ça qu'elle veut entendre. Des mots d'amour. Des je t'aime. Mais pas que leur histoire était une aventure qui n'aboutira pas. Elle le repousse Sera, d'un coup sec sur sa poitrine. Elle évite son regard, Sera. Elle veut pas qu'il voit ses pupilles se noyaient dans les larmes. Il a gagné. Remporté la partie.« Navré de te décevoir. »  C'est à elle de rire. Un rire froid qui ne lui correspond pas. Un rire froid qu'il l'étonne. Ca n'a rien de drôle, Sera. C'est même plutôt pathétique tout ça. Lui et toi. Dans le froid de la nuit. A vous faire du mal pour une aventure qui n'aboutira pas. « T'es un con, Will.  Le pire des cons en fait. On était pas qu'une aventure. Toi et moi, c'était plus qu'une aventure, un soir, dans une chambre d'hôtel et tu le sais. » Elle l'affronte du regard, Sera, l'oblige à avouer. Elle a besoin qu'il avoue que c'était sérieux, que ça aurait pu l'être du moins. « J'en veux pas de tes je t'aime. J'en veux pas de tes mots d'amour. Je sais ce que t'en fais. Tu les jettes au visage d'une fille puis tu les murmures à une autre. Je te voulais juste toi. Juste toi et notre histoire. » Elle prend un risque, Sera, mais elle se rapproche de lui. Elle attrape la cigarette dans ses doigts, leurs peaux s'effleurent et Sera, elle le sent dans tout son corps. « Elle aurait peut-être pas abouti notre histoire, mais tu te serais senti vivant. Plus vivant que jamais. Plus vivant qu'avec elle. Parce que t'as beau te faire croire qu'on était rien, tu serais pas là avec moi si c'était le cas.» Elle porte sa cigarette  à ses lèvres, tire une taffe avant de le regarder. Rends-moi mon cœur s'il te plait et mes illusions. « Je finirais par t'oublier, Will. Je finirais par rencontrer quelqu'un qui m'aime plus que n'importe qui, quelqu'un qui m'aime mieux que toi tu ne l'aimes et je t'oublierais. Mais toi, tu te demanderas toujours ce que ça aurait pu être notre seule et unique aventure qui n'aboutira peut-être jamais. » Alors choisis-moi. Maintenant. On peut s'enfuir toi et moi.

Le coup fatal était tombé. Il était rejeté Will, blasé, abandonné, délaissé. Il voyait bien que Sera, elle avait pas l’intention de l’écouter plus longtemps, plus l’intention d’essayer, encore moins de lui pardonner. Elle voulait plus Sera, elle refusait. Sa colère fusait. Il avait l'impression qu'elle ne voulait plus lui donner de chance, comme lui, ne ne lui en avait jamais laissé. Pourtant elle lui demanda, Sera. Pourquoi il était là, avec elle, au lieu d'être avec sa copine. Celle qui était censée passer avant tout le monde, celle qui avait toujours compter pour lui, bien plus que n'importe qui. Mais ses questions restèrent en suspends dans la nuit. Il ne répondit pas Will, il préfèra esquiver, comme il savait si bien le faire. Il crachait et lâchaît des bombes. Au fond, il n'avait pas tord Will, eux deux c'était qu'une histoire, que des simples messages, qu'une seule et unique nuit. Quelque chose qui n'aurait jamais du arriver. Alors à quoi bon se battre pour ça. À quoi bon se livrer bataille puisque aucun des deux n'en ressortira vivant. Il lui infligeait des blessures profondes, Will parce que c’était aussi plaisant que déchirant. Il ne pensait pas que c'était aussi facile de se voiler la face. Pourtant, cette discussion, elle valait rien, oui elle n'aboutira pas cette conversation. Trop obstinés qu'ils sont. Les seules forces qu’il restait à Will, lui servaient à rejeter les choses. La rendre coupable, ou se reconnaître lui-même qu'il ne sera jamais à la hauteur. À la hauteur de quoi ? De leurs propres espérances. Parce qu'il avait perdu le courage, l’espoir, la volonté. Il n'aimait pas le changement Will, la peur de l’inconnu, de l’indécis, de l’imprévisible. Il était bien, là, dans sa routine. Et puis il y eu Sera. L’électron libre qui bouscula sa vie, qui lui retourna le cerveau. Elle n'avait pas le droit. Elle n'avait pas le droit de revenir, et d'afficher ce visage. Cette mine triste, ce regard perdu, accusateur. Comme si c'était la faute de Will, comme si elle n'avait rien à se reprocher. Alors elle le repoussait Sera, après ses paroles, confirmant ainsi les pensées de Will. Ses mains tremblaient il les serra, puis plaça une cigarette entre ses lèvres et tira enfin une première taffe. La fumée descendit dans sa trachée et le détendit instantanément. Puis ce fut au tour de Sera de rire. Un rire froid que Will ne lui connaissait pas. Il la regardait, attendant sa réponse comme une prochaine malédiction. « T'es un con, Will.  Le pire des cons en fait. On était pas qu'une aventure. Toi et moi, c'était plus qu'une aventure, un soir, dans une chambre d'hôtel et tu le sais. » Un con, oui c'était tout ce qu'il était Will et il le savait. Pourtant, c'était l'entendre de la bouche de Sera qui le rendait fou. Il savait, oui, il savait qu'eux deux, ça ne se résumait pas à une simple partie de jambes en l'air. Mais il préférait se dire que c’était le cas, Will, pour se préserver lui-même. Elle l'affrontait du regard alors il tennait bon Will, il a toujours tenu bon parce qu'il ne lui donnera jamais raison. « J'en veux pas de tes je t'aime. J'en veux pas de tes mots d'amour. Je sais ce que t'en fais. Tu les jettes au visage d'une fille puis tu les murmures à une autre. Je te voulais juste toi. Juste toi et notre histoire. » Non, il les réservait à Sera ses mots d'amour, Will. Il aimerait en tout cas. Parce que oui, il y en a une autre à qui, Will, il a déjà tout dit. Pourtant, il la voulait aussi, il voulait que Sera lui appartienne. Et plus les mots abondaient et plus il contenait sa colère. Puis elle fit quelques pas Sera, elle s'approcha de lui, sa main effleura celle de Will et sans qu'il ne s'en rende compte, sa cigarette ornait déjà les doigts de la belle. Alors il la regarda faire Will, ses gestes lui rappelaient inconsciemment leur première rencontre, si seulement ils avaient su. « Elle aurait peut-être pas abouti notre histoire, mais tu te serais senti vivant. Plus vivant que jamais. Plus vivant qu'avec elle. Parce que t'as beau te faire croire qu'on était rien, tu serais pas là avec moi si c'était le cas. » Il ne parlait pas, Will, il ne disait rien. Il voudrait pourtant, il aimerait dire ou faire quelque chose. La contredire. Lui répondre. Mais elle le faisait à sa place. Elle parlait, elle parlait, beaucoup trop. Sa bouche se mouvait trop vite et il arrivait pas à suivre. Il fronça les sourcils d'un regard obscur, interrogateur, sceptique. Qu'est-ce qu'elle dit ? Il voulait qu'elle arrête de parler. Qu'elle se taise. Parce qu'elle avait raison. Parce qu'elle ne disait que la vérité, et c'est ça qui blessaient Will. Il ne comprenait pas pourquoi, mais ça l'énervait. La fumée s'évapora alors et la bouche de Sera déversa à nouveau son flot de parole. « Je finirais par t'oublier, Will. Je finirais par rencontrer quelqu'un qui m'aime plus que n'importe qui, quelqu'un qui m'aime mieux que toi tu ne l'aimes et je t'oublierais. Mais toi, tu te demanderas toujours ce que ça aurait pu être notre seule et unique aventure qui n'aboutira peut-être jamais. » Un frisson parcourut son corps. Elle lui lança un défi et une étincelle s'alluma dans le regard terne de Will. Il ne savait pas ce qu'il lui prenait, mais il s'avança, un pas, deux pas, trois pas. Leurs corps se retrouvèrent, il porta sa main droite sur son menton et les yeux fermés, il approcha son visage vers le sien sans plus attendre. Enfin, il déposa ses lèvres sur les siennes comme pour lui insuffler un dernier espoir, un dernier souffle. Parce qu'il savait que comme ça, elle ne pourra pas l'oublier, elle ne pourra pas l’éradiquer de sa mémoire. Parce qu'il voulait être ancré au plus profond de son cœur Will, il voulait être celui qui faisait battre son organe vital. Puis, il passa son autre main sur sa taille, sur son dos. Il entrouvrit sa bouche, et leurs langues se rencontrèrent alors comme deux âmes-sœurs séparées depuis bien trop longtemps. Depuis qu'il l'avait vu dans la boite de nuit, Will, il avait eu envie de cette proximité sans jamais oser.

Il aurait voulu que cet instant dure éternellement et infiniment mais il se détacha alors de la belle. Il prit un certain temps pour la regarder, Will, pour cerner chaque parcelle de son visage qu'il aimait prétendre en connaître les moindres courbes. « Tu sais quoi ? Je suis même pas désolé. Vas-y, essaie de m'oublier maintenant. » qu'il dit, ce connard de première. « Si je suis un con, autant l'être jusqu'au bout, tu crois pas ? » lança-t-il sarcastiquement avant d'attraper la cigarette des mains de la brune pour à son tour profiter de la nicotine. Au fond, il désirait simplement la provoquer, Sera. Bien que la colère battait en rythme sous sa peau, il prétendait l'indifférence Will, c'était tellement plus facile pour se justifier.

Sera, elle y croyait à leur histoire. Malgré tout. Malgré leur séparation. Malgré cette autre femme qui partageait sa vie. Elle y croyait Sera. Parce qu'elle avait besoin de donner un sens à tout ça. Sera, elle n'avait jamais rien ressenti de la sorte. La passion ne faisait pas de sa vie avant lui. Son cœur battait calmement dans sa poitrine, sans aucun excès. Puis, elle avait croisé son regard et il s'était réveillé. Il s'était affolé et n'avait jamais plus repris un rythme normal. Ca devait vouloir dire quelque chose. Leur histoire devait avoir un sens. Alors elle y croyait Sera. Elle se persuadait que leur histoire comptait pour ne pas perdre la tête. Mais leur histoire ne comptait pas, elle ne compterait jamais. Will en aimait une autre. Sera était seulement l'autre femme, un joli souvenir pour les soirs de disputes avec l'officiel. Elle était la maîtresse. Elle ne serait jamais le premier choix. Et elle avait beau faire comme si ça l'atteignait à peine, comme si elle était prête à avancer avec sa vie, elle en crevait Sera. Elle se réveillait chaque jour avec l'espoir de sentir ses bras autour de sa taille et s'endormait chaque soir avec la déception de la solitude.

Will n'était jamais là. Will ne serait jamais là. Sa vie, elle devra apprendre à la vivre sans lui. Bien sûr, elle l'oubliera. Peut être. Un jour. Elle y repensera quand elle sera vieille, à Will. Elle y pensera avec un sourire tendre et un petit pincement au cœur, mais la douleur, elle y survivra. Elle trouvera un autre homme, qui saura l'aimer à sa juste valeur, qui saura voir ses qualités et qui passera outre ses défauts. Elle sera sa première priorité. Et ils seront heureux. Heureux et amoureux. Mais elle voulait pas de cette histoire. Si ce n'était pas avec Will. Pourtant, elle agit comme si ça lui importait peu, comme si c'était facile de ne plus penser à lui, comme s'il suffisait d'émettre l'envie d'avancer pour l'oublier. Son regard s'accroche au sien. C'est presque un défi. Elle joue l'hautaine, Sera, avec sa clope dans la bouche. Elle veut lui faire du mal. Ou peut être lui prouver qu'elle compte, que l'idée qu'ils puissent ne plus être ensemble lui vrille le cœur comme à elle. Elle ne sait plus trop, Sera. Parce que son regard s'accroche au sien. Il s'approche d'elle. Sa respiration se coupe. Elle a peur de bouger, Sera. Elle a peur de la lueur qu'elle décèle dans son regard. Sa main glisse sur son menton, leurs lèvres se touchent et le monde de Sera cesse de tourner. Il l'embrasse. Will l'embrasse et Sera, elle s'embrase. Elle n'y croyait plus Sera. Elle pensait qu'elle devrait vivre avec le souvenir de ses lèvres contre les siennes sans ne plus jamais les toucher. Et pourtant. Elle se met sur la pointe des pieds, accentue la pression sur les lèvres. Leurs langues se trouvent et Sera est presque sûre que son cœur va cesser de battre. Leurs souffles se mélangent. Elle se sent vivre Sera. Son être tout entier se réveille. Il l'aime. Un peu. Assez pour vouloir la détruire à jamais. Elle se presse contre lui, elle prend tout ce qui lui donne. Pour ce que ça dure. Il se détache et Sera se plaque contre le mur, cherchant à retrouver sa respiration, cherchant un signe, une explication. Mais il la regarde pas. Il se contente de reprendre sa cigarette. Regarde moi Will. Aime-moi. S'il te plaît. Puis, il la regarde et la passion a disparu. L'indifférence se dessine sur ses traits. Elle attends le coup et le KO. « Tu sais quoi ? Je suis même pas désolé. Vas-y, essaie de m'oublier maintenant. » Connard. Connard. Putain de connard. Mais tu t'attendais à quoi Sera ? T'espérais quoi ? La grande déclaration que t'as dit ne pas vouloir. Elle serre la machoire, les points, tout pour ne pas hurler. Tout pour ne pas pleurer. Elle ne veut pas lui montrer que ça saigne à l'intérieur, qu'elle va en crever de cette histoire. Elle pourra pas l'oublier. Il est ancré en elle, ce connard. « Si je suis un con, autant l'être jusqu'au bout, tu crois pas ? » Elle passe une main sur son visage pour effacer les larmes qui ont pu s'échapper. Pourquoi Will ? Pourquoi tu peux pas m'aimer ? « Passe la nuit avec moi. » qu'elle murmure. Les mots lui ont échappé. Elle en est surprise. Mais au fond, elle n'a jamais rien désiré quelque chose aussi intensément. « Autant être con jusqu'au bout. » qu'elle lui lance au visage. Elle s'approche de lui, se met sur la pointe des pieds, ses lèvres glissent sur sa machoire. « Passe la nuit avec moi. » Elle murmure contre son oreille. « Laisse moi t'éliminer de mon système. » Elle retombe sur ses pieds. « Une bonne fois pour toute. » Et après, je t'éviterais. Et toi et moi, ce sera plus jamais.

Sera c'était cette étincelle. Cette étincelle d'espoir, de frénésie et d'effervescence. Il s'était souvent demandé, Will, qu'est-ce qu'elle avait de plus, Sera. Qu'est-ce qui faisait qu'elle ne quittait plus ses songes. Qu'est-ce qui faisait que ses prunelles, ses lèvres et son sourire voyageaient encore dans ses pensées. Qu'est-ce qui faisait qu'elle s'était incrustée au plus profond de sa chair. Qu'est-ce qui faisait que son corps, ses formes et ses courbes ne disparaissaient pas de sa mémoire. Et il comprit, Will. Il comprit, grâce à ce baiser, grâce à ce frisson qui lui parcouru l'échine, grâce à ce sentiment qui, à nouveau, le prit aux tripes. Ça n'avait duré que le temps de quelques infimes secondes, mais ça suffisait. Oui, ça suffisait pour comprendre. Ou pour ré-découvrir peut-être, une passion oubliée, une frénésie évaporée. Il a toujours su Will, que Sera, elle était spéciale, que Sera elle était extraordinaire. Sauf que ce baiser confirma ses songes. Sera, c'était cette flamme, cette flamme qui réveilla en Will, un sentiment alors inconnu. C'est pour ça que Will, il s'était d'abord cru dans un rêve aux prémices de leur relation. Parce qu'il comprenait pas Will, ce qui se passait. Alors il préférait en profiter jusqu'à que ce ne soit plus possible. Jusqu'à que la bulle dans laquelle ils s'étaient enfermés éclate au contact de la réalité. Sauf que c'est Will, qui l'a brisée cette bulle. Pas la réalité, mais bel et bien lui, et rien que lui. Mais encore aujourd'hui, c'est Will, qui réduit tout en poussière. Qui réduit Sera, en poussière. Alors il adoptait le masque de l'indifférence Will, parce que c'était tellement plus simple que de faire face à ce qu'il était réellement. Pourtant ses erreurs lui apparurent en pleine face. Sera, elle pleurait, Will. Et c'était de ta faute. Rien que ta faute. Il prétendait ne pas voir ses larmes Will, il prétendait ne pas apercevoir ce coup de main qui effaçait les quelques gouttes qui roulaient sur ses joues. Elle voulait faire la grande Sera, jouer à la plus forte. Alors il fléchira pas Will, il était bien trop arrogant pour ça. Mais peut-être qu'au fond c'était juste pour se préserver lui-même de l'inconnu. « Passe la nuit avec moi. » Il avait les yeux rivés sur son visage Will, pourtant il ne s'attendait pas à ça. Il s'attendait à des cris de rage, à des hurlements du cœur, et à une gifle même. Mais pas... ça. Pas à une tentation bien trop grande pour lui. « Pardon ?! » c'est tout ce qu'il parvenait à dire, Will. Avait-t-il bien entendu ? Et même si l'étonnement pu se lire quelques secondes sur ses traits, il ne bougea pas d'un cil Will, ne voulant faire transparaître aucune émotion. Elle voulait s'abandonner à toi, Will, même après tout les coups que tu lui as assénés. « Autant être con jusqu'au bout. » Non, ils ne pouvaient pas. Ils ne pouvaient pas redevenir con. Pas à nouveau, pas pour que leur histoire ne recommence et ne finisse comme avant. Pourtant elle s'approchait de lui Sera, prédatrice et tentatrice dans son regard. Il voulait reculer Will, mais il n'y parvenait pas. Ses pieds étaient cloués au sol, et pour la première fois depuis le début de la soirée il ne maîtrisait plus la situation. Les lèvres de Sera effleurèrent sa peau, glissèrent sur sa mâchoire bien trop serrée, puis passent prés de son oreille. « Passe la nuit avec moi. »  Il frémit Will, il sentit un frisson lui parcourir le dos, et rapidement son rythme cardiaque s’accéléra. « Sera... » Arrête, Sera. Arrête, ne joue pas avec le feu, tu y brûleras des ailes. La cigarette encore fumante qu'il tenait entre ses doigts, tomba alors à terre sans qu'il ne s'en aperçoive, bien trop perdu dans ses pensées. « Laisse moi t'éliminer de mon système. Une bonne fois pour toute. » qu'elle dit avant de retomber sur ses pieds. Will était de nouveau plus grand qu'elle, pourtant il se sentait toujours aussi impuissant. Le corps nu de Sera lui apparut à l'esprit et il ne put se défaire de cette image. Son instinct lui soufflait de l'agripper par la taille possessivement et de s'emparer de ses lèvres furieusement, alors que sa raison lui criait de reculer et de retrouver sa petite-amie. Il se mordit l'intérieur de la lèvre, la déchiqueta même. Il ne savait pas quoi faire, quoi dire, Will. Il était perdu. Il aurait tellement aimer laisser parler son corps et son cœur pour le reste de la nuit. C’est une véritable torture, aussi bien physiquement que mentalement. L’attente, le désir, la raison, le besoin, tout se mêlait et s’emmêlait dans son esprit. Pourtant Sera était toujours là, tirant les ficelles de son cerveau. « J'ai envie de toi, Sera. » murmura-t-il finalement. Il serra les points, se retenant de la toucher. « Je... j'ai envie de te faire l'amour. J'ai envie de te sentir frémir, de t'entendre jouir, j'ai envie de t'emmener au septième ciel. ». Enfin, cédant à la tentation, il mit des mots sur des pensées réciproques, n'en pouvant plus de ces silences sous-entendus. Il n'y avait qu'un pas qui les séparait, et il le franchit, Will, ancrant ses prunelles dans ceux de la brune. Il glissa sa main sur sa joue, et effleura ses lèvres de ses phalanges. « Mais plus que tout, j'ai besoin de toi. » c'était un souffle à peine audible mais assez pour qu'il parvienne aux oreilles de la belle. Il se cambrait Will, et sortit finalement le drapeau blanc. « Alors, répète, si c'est bien ce que tu veux aussi. Répète, et tu seras mon premier choix. » Pour cette nuit en tout cas.